Rien n'est jamais inscrit dans le marbre
"Ne jamais oublier qu'il suffit d'une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des LGBTQIA+ soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Notre vie durant, nous devons demeurer vigilant."
12 juin 2016
Massacre homophobe d'Orlando
Par ordre décroissant des faits
Massacre homophobe d’Orlando
Joe Biden va déclarer le Pulse mémorial national
La discothèque gay d'Orlando Pulse, en Floride, cible en 2016 d'un attentat terroriste qui avait fait 49 morts, va être désignée "Mémorial national", a annoncé samedi Joe Biden pour commémorer le cinquième anniversaire de la tragédie.
"Dans les prochains jours, je signerai un texte désignant le Nightclub Pulse comme Mémorial national, inscrivant dans la loi ce qui est vrai depuis ce terrible jour il y a cinq ans: le Nightclub Pulse est un lieu sacré", a expliqué le président américain dans un communiqué.
L'attaque contre le Pulse, perpétré le 12 juin 2016 par un homme lourdement armé au nom du groupe Etat islamique, avait en outre fait plus de 50 blessés.
C'était à l'époque le pire massacre par armes à feu de l'histoire du pays. Son auteur, Omar Mateen, 29 ans, avait été tué lors de l'assaut de la police après plusieurs heures de siège. L'attaque avait profondément choqué le pays et la communauté LGBTQ, en plein mois célébrant les fiertés gays.
"En quelques minutes, le Pulse qui avait été depuis longtemps un lieu d'acceptation et de joie est devenu un lieu de souffrance et de deuil indescriptible", a ajouté Joe Biden, qui s'était rendu sur les lieux avec le président Barack Obama quelques jours après l'attentat. Il a appelé à "s'attaquer à l'épidémie de santé publique (que représente) la violence par armes à feu sous toutes ses formes" en durcissant la réglementation sur les achats d'armes à feu.
Joe Biden a aussi souligné "l'impact particulier" de ce type de violence sur les communautés LGBTQ+ du pays. "Nous devons chasser la haine et les injustices qui contribuent à l'épidémie de violence et de meurtre contre les femmes transgenres, spécialement celles de couleur", a-t-il dit. Le texte de loi avait été approuvé mercredi à l'unanimité par le Sénat, dans un rare moment de consensus politique, et avait déjà été voté en 2020 par la Chambre des représentants.
Sa désignation comme "Mémorial national" ne fait pas entrer la discothèque dans la liste des monuments gérés par les Parcs nationaux, comme le Monument Washington ou le Mémorial Lincoln dans la capitale fédérale, et ne permet pas de financement par des fonds fédéraux, selon le texte voté mercredi.
Des parades des fiertés ont été organisées dans tous les Etats-Unis samedi et dimanche. A Washington, la vice-présidente Kamala Harris a fait une apparition surprise, accompagnée de son mari, Doug Emhoff. "Nous avons encore beaucoup à faire", a-t-elle dit, soulignant les avancées déjà acquises comme la légalisation du mariage homosexuelle par la Cour suprême américaine en 2015. "Nous devons nous assurer que notre communauté transgenre est protégée", a-t-elle ajouté.
Ils ont perdu la vie dans la nuit de samedi à dimanche, sous les balles d’Omar Mateen. Paul, Brenda, Juan, Joel ou encore Angel-Luis passaient la soirée au Pulse, cette boîte gay d’Orlando, dont on se souviendra désormais comme le théâtre de la pire fusillade des Etats-Unis.
Des jeunes d’une trentaine d’années, surtout des hommes, des étudiants, quelques parents. Une majorité de latinos, communauté très représentée à Orlando : beaucoup de Portoricains, quelques Cubains, trois Mexicains… Des groupes d’amis venus fêter un anniversaire ou un diplôme, draguer ou danser dans un lieu sans préjugés, où se mêlaient dans un esprit bon enfant gays, lesbiennes, transgenres, hétérosexuels, drag-queens…
Le tueur, Américain d’origine afghane, 29 ans, venait souvent au Pulse. Samedi soir, il y a bu un dernier verre avant d’assassiner de sang-froid ces 49 personnes et d’en blesser 53 autres.
(Photos : Facebook via AP et Reuters)
Les familles de Juan 22 ans et de Christopher 32 ans décident de funérailles communes
Les familles d'un jeune couple tué lors de la fusillade d'Orlando, qui avait prévu de se marier, ont décidé
d'un commun accord de leur offrir des funérailles conjointes.
Juan Ramon Guerrero, 22 ans, et son compagnon de 32 ans, Christopher "Drew" Leinonen, figurent parmi les 49 personnes qui ont
perdu leur vie dans la tuerie homophobe du Pulse.
Leurs familles, bien que brisées par le chagrin, ont pris une décision émouvante en prévoyant des funérailles
communes pour les deux jeunes hommes qui avaient pour projet de se marier.
Le couple qui viviat ensemble depuis près de deux ans s'était fait accepter de leurs familles respectives comme en témoignent des photos prises à Noël dernier (ci-dessous).
C'est la mère de Christopher qui a eu la première l'idée de faire reposer ensemble les deux hommes. "Il est un peu réconfortant de savoir qu'ils sont morts ensemble, a-t-elle confié. Si cela n'était pas un enterrement, c'est un mariage qui allait les réunir" a-t-elle ajouté.
En plein ramadan, les politiques arabes ne se sont pas précipités pour condamner la tuerie d’Orlando.
Mais certains responsables occidentaux ont tenu des discours plus qu’ambigus.
Plusieurs jours après la terrifiante tuerie à Orlando, la plupart des dirigeants des pays arabes et musulmans ne se sont toujours pas décidés à condamner cet acte barbare, à manifester la
moindre émotion pour les victimes. Pourquoi ? Qu’attendent-ils ? Il est inutile d’espérer une réaction franche, audacieuse de leur part.
Les victimes étaient des gays, des lesbiennes et des transgenres. Elles ne comptent pas pour eux. Elles méritent ce qui leur est arrivé, se disent-ils. Dans ce silence assourdissant, qui s’est
exprimé alors le premier au nom des Arabes et des musulmans ?
Assez étrangement, c’est Daech qui a semblé soudain remplir ce rôle. L’organisation terroriste a très vite revendiqué ce massacre. Aucun homme politique arabe (ou presque) n’a pris la peine
d’exprimer un autre point de vue, sans jeu de mots diplomatiques. Personne ne veut mêler son nom à cette "saleté". Qu’ils soient de gauche ou de droite, conservateurs ou
modernistes, les politiciens arabes n’hésitent jamais à exploiter la religion pour maintenir le peuple dans l’ignorance, l’injustice, et à écraser les mouvements sociaux. Pour le dire d’une
manière plus claire : on est en plein mois du ramadan et, franchement, il ne faut pas casser les oreilles des Arabes et des musulmans avec ces histoires indécentes, impures.
Orlando, c’est tellement loin. Et Daech fait des dégâts encore plus importants dans les pays arabes. N’est-ce pas ?!
Les pédés, les lesbiennes et leurs amis, ça n’existe pas chez nous de toute façon. Allez, ouste ! Ce n’est pas notre problème ! Les homosexuels sont bien seuls.
Je suis marocain, musulman, homosexuel, je vis à Paris et je me suis senti si seul dimanche. Terrifié et seul. Même en Occident, le combat politique pour la cause des gays
n’est pas encore gagné. Loin de là. Aux Etats-Unis, ce sont rarement les musulmans qui les attaquent. Les républicains, les télévangilistes et une bonne partie de la population se chargent
fièrement de le faire. Barack Obama est plus que gay-friendly, mais les résistances continuent d’empoisonner la vie des homosexuels
américains. Et comme si ce n’était pas assez, les voici au cœur même de ce qui agite et fait trembler le monde entier en ce moment : la menace jihadiste. Daech.
Le nihilisme. Le chaos partout. Soudain, le sort tragique d’un homosexuel américain à Orlando a rejoint celui, tout aussi tragique, d’un homosexuel irakien musulman jeté du haut d’un
immeuble pour donner l’exemple et installer la terreur dans les cœurs.
C’est exactement la même image. Pour réaliser son projet terroriste, l’Américain Omar Mateen a acheté légalement toutes les armes dont il avait besoin et il est allé jusqu’au bout
de sa mission : mourir en "martyr".
Le FBI n’y a vu que du feu. La tuerie de dimanche condense en elle-même toutes les folies et toutes les impasses que nous vivons aujourd’hui. C’est sûr, la boîte de Pandore ne sera plus
jamais refermée. Les intérêts des uns et des autres sont trop importants, les forces sont trop engagées sur certains terrains pour faire marche arrière. Et l’Occident, qui se veut garant de la
démocratie et des droits de l’homme, répand lui-même des discours ambigus, dangereux, nationalistes et des fois franchement racistes.
Encore une fois, c’est l’islam qu’on désignera comme coupable de la tragédie d’Orlando. Encore une fois, on fera volontairement des amalgames en s’acharnant sur les musulmans et non pas sur leurs
dirigeants. Encore une fois, les homosexuels seront sacrifiés, utilisés là-bas comme ici pour prouver que c’est nous, pas eux, qui avons raison. C’est peut-être cela qui me terrifiait le plus
dimanche. La cause homosexuelle va être exploitée d’une manière décomplexée dans des débats désormais dominés par les esprits les plus conservateurs, les plus populistes, les plus
ouvertement xénophobes.
Il y a comme un sentiment de recul dans l’air. Partout. On nous ramène à des cases, à des définitions étroites. Les droits des minorités paraissent certains jours si fragiles, si peu importants,
nous dit-on, face à des menaces plus grandes.
Qui dit vrai ? Qui manipule qui ? Qui va empêcher ce monde d’exploser pour de vrai ? Qui va sauver les homosexuels dans les pays arabes et musulmans ? Qui va les aider à s’émanciper, sincèrement
et loin de tout néocolonialisme ? Dimanche, le désespoir a atteint un nouveau degré.
Sur un site marocain, je lisais les commentaires en dessous des articles consacrés à la tuerie d’Orlando. 80 % d’entre eux étaient remplis de haine, de violence et de justifications
pseudo-religieuses.
Sur un site français, les commentaires étaient remplis de colère et, quand ils parlaient des Arabes et des musulmans, truffés d’erreurs, d’ignorance abyssale et de racisme assumé. Bien sûr,
il y a encore dans ce monde des gens qui croient que l’espoir doit rester vivant - je fais partie de ces idiots. Bien sûr, on croise encore des personnes inspirantes, courageuses.
Mais, chaque nuit, au moment d’éteindre la lumière, nous savons que nos rêves ne seront désormais que des cauchemars. Des morts lointains, qu’on ne voyait qu’à travers les écrans de nos
télévisions, qu’on ne considérait jamais, s’invitent dans nos têtes, nos corps, pour nous demander des comptes. Personne n’est innocent. Le sang coule. Coule. On ne sait plus comment l’arrêter.
Et tout le monde veut la peau des homosexuels.
La boîte de nuit avait été créée pour perpétuer un message de tolérance.
C’est une boîte de nuit relativement petite, dans une avenue alignée de chaînes de restaurants et de centres commerciaux à l’écart du centre d’Orlando.
Avant d’être le site de la fusillade la plus meurtrière de l’histoire américaine, le Pulse était un haut-lieu de clubbing et de fête pour la communauté LGBT d’Orlando, en particulier les
hispaniques, population en plein essor en Floride. Le soir de l’attaque, une "soirée latine" était en cours, avec bachata, merengue et salsa au programme. Pulse a été co-fondé en 2004 par Barbara Poma, une Américaine d’origine italienne dont le frère aîné, John, est mort du Sida en février 1991.
"Dans une famille italienne traditionnelle, être gay n’était pas accepté, selon le site de Pulse, qui n’est plus accessible aujourd’hui. Mais quand John a fait son coming-out auprès
de sa famille et de ses amis, la dynamique familiale est passée d’une culture de tradition stricte à une culture d’acceptation et d’amour".
Elle s’est alliée à son ami Ron Legler, une personnalité connue du monde du théâtre à Orlando, pour monter le club. "C’était important de créer une atmosphère qui embrassait le style de
vie gay et qui aurait fait la fierté de John" pouvait-on lire sur la page web de la boîte, selon plusieurs médias.
"Surtout, nous l’avons nommé Pulse d’après les battements cardiaques de John, pour que John reste vivant aux yeux de ses amis et de sa famille."
Le succès était au rendez-vous : plusieurs guides ont consacré Pulse comme une référence de la scène gay locale. Dans une ville réputée friendly comme Orlando, la boîte de nuit servait aussi de
lieu de prévention contre le Sida, le cancer du sein et à des campagnes de sensibilisation autour des droits des immigrés, comme le rapporte le Washington Post. Elle avait établi des partenariats avec plusieurs groupes LGBT locaux.
Au fil des ans, Pulse était aussi devenu un lieu de rassemblement pour les LGBT issus de minorités, en particulier les Portoricains. Orlando et sa région abritent plus de 300.000 ressortissants
de la petite île américaine, un chiffre en forte augmentation ces dernières années avec les déboires financiers et économiques du territoire. En effet, de nombreux jeunes, gays ou non, se sont
installés à Orlando pour travailler dans l’industrie touristique, portée par plusieurs grands parcs d’attractions comme Disneyland.
"La première chose qui m’a frappée (en apprenant la nouvelle de la fusillade, ndlr) est que la plupart des victimes sont des hommes latinos, et c’est tragique car Orlando est un
endroit vraiment inclusif où les liens sont très serrés. Nous sommes fiers de pouvoir aller à des endroits comme Pulse où on peut lâcher nos cheveux et passer un bon moment avec des amis, danser
de la salsa", explique Carlos Guillermo Smith, un des responsables du groupe LGBT Equality Florida. "Et simplement être libres".
Massacre d’Orlando
Nouvelle piste pour le tueur, l'homosexualité
L'auteur de la tuerie du club gay d'Orlando qui a fait 49 morts et 53 blessés, a fréquenté le lieu à plusieurs reprises, selon des témoins ont rapporté lundi des médias américains. Des informations sur la possible homosexualité d'Omar Mateen ont apporté un éclairage nouveau sur la tuerie d'Orlando dimanche.
Le quotidien Orlando Sentinel a cité lundi plusieurs témoins assurant que l'auteur de la fusillade la plus meurtrière de l'histoire des Etats-Unis, qui a également fait 53 blessés, était un habitué de la discothèque Pulse, où il a frappé dimanche.
Il s'y serait même fait remarquer à plusieurs reprises par son agressivité, liée à une consommation excessive d'alcool.
Parallèlement, un client régulier de Pulse a assuré au Los Angeles Times que le jeune homme de 29 ans, américain d'origine afghane, utilisait le réseau social gay Jack'd.
Autre témoignage troublant, celui d'un ancien élève de sa promotion à l'académie de police d'Indian River Community College, où il a étudié en 2006, qui a assuré au quotidien Palm Beach Post qu'Omar Mateen lui avait fait des avances.
Ces assertions pourraient relativiser la thèse de la radicalisation du tireur, privilégiée jusqu'ici.
Elles vont vraisemblablement compliquer la compréhension des ressorts psychologiques qui ont poussé cet agent de sécurité né à New York à passer à l'acte.
Lundi, le président américain Barack Obama, qui se rendra jeudi à Orlando, avait indiqué que l'enquête faisait apparaître un Omar Mateen "inspiré par diverses sources d'information extrémistes sur l'internet". Il n'existe pas, à ce stade, de "preuves claires" laissant à penser que ce père de famille "était dirigé depuis l'extérieur" ou "qu'il faisait partie d'un complot plus vaste", avait expliqué le président des Etats-Unis. "Il a annoncé son allégeance à l'EI (groupe Etat islamique) à la dernière minute, mais il n'existe pas de preuve à ce stade qu'il ait été dirigé par eux", a insisté le président.
L'EI a pourtant confirmé lundi sur sa radio la revendication du massacre d'Orlando.
Omar Mateen avait été suivi par le FBI, qui l'avait interrogé à trois reprises, en 2013 et 2014, pour "d'éventuels liens avec des terroristes". Mais ces enquêtes avaient été classées sans suite.
L'hypothèse d'une piste homosexuelle, si elle prenait de l'ampleur, pourrait dégager le FBI de la position difficile dans laquelle il se trouve, pour avoir observé la radicalisation d'Omar Mateen sans prévenir un passage à l'acte.
Elle ne change rien, en revanche, au débat sur le contrôle des armes à feu, que cet attentat a relancé.
"Si le FBI vous surveille pour liens terroristes présumés, vous ne devriez pas être en mesure d'acheter une arme à feu, un point c'est tout", s'est insurgée lundi la candidate démocrate à la Maison Blanche Hillary Clinton.
La Maison Blanche a annoncé lundi soir que Barack Obama se rendrait jeudi à Orlando pour "rendre hommage aux familles des victimes et montrer sa solidarité avec la communauté". Il trouvera une ville meurtrie, qui connaît depuis lundi soir, le nom des 49 personnes tombées sous les balles d'Omar Mateen.
Parmi les victimes, âgées de 18 à 50 ans, figurent de nombreux noms à consonance hispanique. La plus jeune, Akyra Murray, âgée de 18 ans, était à Orlando pour fêter son diplôme de fin d'études secondaires, obtenu la semaine précédente.
Lundi soir, plusieurs milliers de personnes se sont retrouvées devant le Phillips Center, la principale salle de spectacle d'Orlando, pour un hommage aux clients du Pulse, morts pour avoir voulu passer une soirée dans une boîte de nuit gay. Des dizaines de cérémonies ont eu lieu dans tout le pays, notamment à New York où ils étaient plusieurs milliers devant le Stonewall Inn, bar historique de la lutte pour les droits des homosexuels.
La tour Eiffel illuminée aux couleurs arc-en-ciel ce lundi soir en hommage aux victimes d’Orlando
La tuerie d'Orlando s'inscrit dans un durcissement anti-homosexuel
Le massacre perpétré par un Américain d'origine afghane dans une discothèque fréquentée par la communauté gay d'Orlando s'inscrit dans un contexte de mesures anti-homosexuelles croissantes aux
Etats-Unis.
Quelques heures après ce carnage en Floride, une centaine de victimes dont la moitié décédées - la police américaine a arrêté James Howell, 20 ans, lourdement armé, qui voulait attaquer la Gay
Pride à Los Angeles. Ces deux affaires sont a priori sans lien, mais elles interviennent dans un climat anti-gay aggravé dans le pays, particulièrement notable depuis un an.
Le 26 juin 2015, la Cour suprême à Washington a légalisé le mariage homosexuel, une décision historique obtenue à l'arrachée qui est restée en travers de la gorge de
millions d'Américains conservateurs. Ces derniers ont adopté une tactique inspirée de la guérilla qu'ils mènent aussi contre l'avortement : mettant en avant des grands principes de liberté
religieuse, ils ont tenté d'ouvrir de nouvelles brèches en adoptant des législations locales.
Cette stratégie s'est récemment cristallisée autour des personnes transgenres, qui représentent une infime partie de la population américaine, mais sont solidement
associées au milieu homosexuel par le terme inclusif de LGBT. Une douzaine d'Etats, majoritairement dirigés par un gouverneur républicain, poursuivent ainsi en justice le gouvernement de Barack
Obama sur la question de savoir quelles toilettes doivent utiliser les personnes transgenres.
Réactions excluant les LGBT
Beaucoup de questions restent à éclaircir sur la fusillade qui a endeuillé dans la nuit de samedi à dimanche le "Pulse", night-club gay d'Orlando. Le tireur
identifié, Omar Seddique Mateen, aurait fait allégeance au groupe Etat islamique lors d'un appel au numéro d'urgence 911. Mais, selon des déclaration de son père à la télévision NBC, le suspect
avait aussi été rendu furieux en voyant récemment deux hommes s'embrasser devant sa femme et son fils.
En réagissant dimanche à cette tragédie, nombre d'élus républicains ont semblé écarter à dessein la piste de la haine contre les homosexuels, pour privilégier au
contraire celle de l'attentat jihadiste. Sans doute craignaient-ils de se voir accuser d'avoir contribué à un climat délétère anti-homosexuel, ayant favorisé le passage à l'acte d'un
déséquilibré.
De tels reproches ont été avancés après un attentat fin novembre 2015 contre un centre de planning familial dans le Colorado. Celui-ci avait suivi une violente
controverse suscitée par la diffusion d'une vidéo censée montrer la vente de tissu foetal par des responsables du Planning familial dans la région des Rocheuses.
Gays exclus du don du sang
Des responsables conservateurs ont martelé ces derniers mois que les directives gouvernementales contre la discrimination des personnes transgenres reviendraient à
"introduire des hommes dans les toilettes des filles". Un danger à la réalité contesté par nombre d'associations et d'experts. "Je ne veux absolument plus jamais entendre que les
personnes LGBT dans les toilettes sont une menace pour la sécurité publique", a affirmé dimanche Jeremy Moss, un élu du Michigan et homosexuel revendiqué.
Pour Michelangelo Signorile, militant connu des droits des homosexuels en Amérique, la tuerie d'Orlando est un "rappel des dangers quotidiens encourus par les
LGBT". Le gouverneur-adjoint du Texas, Dan Patrick, fer de lance de la lutte contre les droits des LGBT, a lui tweeté dimanche le psaume de la Bible suivant : "On ne se moque pas de
Dieu. Ce qu'un homme aura semé, il le moissonnera aussi". Ce tweet a immédiatement été interprété comme faisant porter aux homosexuels la responsabilité de l'attentat d'Orlando.
Face à l'indignation qu'il a déclenchée, Dan Patrick l'a rapidement effacé. Ce n'est pas la première fois que la communauté homosexuelle est cible de violences aux
Etats-Unis. Eric Rudolph, auteur de l'attentat des Jeux olympiques d'Atlanta en 1996, avait auparavant déposé une bombe dans un bar de lesbiennes de cette même ville, y blessant cinq
personnes.
Après le massacre d'Orlando, les autorités ont appelé les habitants à donner leur sang. "En raison du sectarisme ambiant, cet acte est interdit aux hommes homosexuels", a regretté Michelangelo Signorile, en rappelant les règles strictes posées en la matière par l'Agence américaine des produits alimentaires et des médicaments (FDA).
Daech revendique la fusillade la plus meurtrière de l'histoire des États-Unis.
"Malheureusement, il y a des gens qui sont morts par balles, autour d'une vingtaine, à l'intérieur du night-club",
a déclaré de son côté l'agent spécial du FBI Ron Harper au court du point de presse. Selon un bilan donné par le maire d'Orlando, cinquante morts et cinquante trois blessés sont à déplorer.
La police a précisé que les blessés avaient été emmenés vers les trois hôpitaux les plus proches. Aussi, neuf membres des forces de l'ordre ont été blessés.
Les circonstances dans lesquelles les personnes ont été tuées n'étaient pas claires pour l'instant et les familles manquent d'informations. La mère d'une personne se trouvant sur place cette nuit
a déclaré à CNN : "Une amie de mon fils m'a appelée pour me dire qu'il avait été abattu, elle pleurait." Elle a poursuivi en expliquant
qu'elle ne savait pas où se trouvait son fils, ni comment obtenir des informations sur l'hôpital dans lequel il aurait été transféré.
Le correspondant de l'AFP aux Etats-Unis précise que "Terry DeCarlo, représentant de la communauté LGBT d'Orlando a qualifié le massacre d'"attaque contre la communauté
LGBT".
Qui est le tireur ?
Toujours selon la police, le corps du tireur présumé a été découvert à l'intérieur de la boîte de nuit après un échange de tirs, quand les forces de l'ordre se sont introduites dans
l'établissement. Le suspect, Omar est né en 1986, selon les chaînes de télévision CBS et NBC. Il se prénommerait Omar Mateen, un Américain d'origine afghane. Il a été abattu.
Où en est la situation ?
La police locale, qui a ouvert une enquête pour "acte de terrorisme", évoque les "sympathies" du suspect avec l'islamisme. En raison de l'ampleur de la tuerie, le maire de la ville a instauré
l'état d'urgence pour sa ville, ce qui lui permet de mobiliser des ressources supplémentaires.
Aussi, les autorités ont permis à un imam local d'intervenir pendant la conférence de presse. Il a appelé au calme et a demandé à la population et aux médias de ne pas tirer de conclusions
hâtives sur le mobile du tireur.
Les enquêteurs cherchent désormais à comprendre le mobile de l'homme lourdement armé. "Nous avons des suggestions (laissant penser) que cet individu pourrait avoir des
sympathies pour cette idéologie particulière mais nous ne pouvons pas l'affirmer catégoriquement", a expliqué Ron Harper du FBI, interrogé sur de possibles liens entre le tireur et le
terrorisme islamiste.
Selon un communiqué de la Maison Blanche, le président Barack Obama a demandé à être informé régulièrement de ce qui est une des pires fusillades aux Etats-Unis et ordonné au gouvernement fédéral
"de fournir toute l'aide nécessaire".
François Hollande a de son côté condamné "avec horreur" la tuerie, selon un communiqué publié dimanche par l'Elysée