Immense tristesse

"Il refusait de laisser gagner ceux qui avaient voulu l'anéantir"

Nouvelle victime de la tuerie de "Charlie Hebdo "du 7 janvier 2015.

Simon Fieschi, grièvement blessé lors de l’attentat vient de nous quitter.

Il a été la première victime des frères Kouachi lorsque ceux-ci sont rentrés dans la rédaction de Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015. Simon Fieschi avait survécu, il a été retrouvé mort jeudi 17 octobre. Les causes de son décès ne sont pas encore connues. 

"Le problème de la liberté d’expression, cest que si on nous dit comment lexercer, ce n’est plus une liberté."

Simon Fieschi

 

Il avait 40 ans. Son corps sans vie a été découvert jeudi dans une chambre d'hôtel à Paris, a appris samedi l'AFP. Arrivé à Charlie en 2012 pour en être le "webmaster", il avait été la première victime des frères Kouachi lorsque ceux-ci ont ouvert le feu dans les locaux de la rédaction de l'hebdomadaire satirique le 7 janvier 2015. Il avait survécu.

 

Douze personnes ont perdu la vie dans cet attentat, Simon Fieschi avait reçu une balle de kalachnikov à bout pourtant. Il en gardait de lourdes séquelles et de grandes souffrances. En octobre 2020, il avait raconté sa convalescence et son "lent retour à la vie" dans un texte très puissant, que de nombreux internautes ont partagé ce samedi pour lui rendre hommage.

 

"Limportant est de savoir si on peut vous transmettre davantage encore, la valeur de la liberté."

Simon Fieschi

 

"Il avait passé neuf mois à l'hôpital où on lui avait annoncé qu'il ne pourrait plus jamais remarcher. C'était mal connaître Simon. Drôle, vif, inlassable défenseur de la liberté, il refusait de laisser gagner ceux qui avaient voulu l'anéantir", ont témoigné sur X les membres de la rédaction de Charlie Hebdo, dévastés par la mort de (leur) ami. 

 

"Le pire, ce ne sont pas les questions quon nous pose, mais les gens qui nous expliquent ce quon a vécu."

Simon Fieschi

 

De nombreuses personnalités ont également salué sa mémoire sur les réseaux sociaux. "Simon Fieschi luttait pour surmonter l'horreur dont il avait été l'une des victimes. Il y a des cicatrices que beaucoup ne voient plus mais qui ne se referment jamais", a tweeté François Hollande, président de la République au moment de l'attentat contre Charlie Hebdo.

 

Emmanuel Macron a également posté un message sur le même réseau social : "Le 7 janvier 2015, Simon Fieschi a survécu au feu des terroristes qui arrachèrent la vie à ses camarades de Charlie Hebdo. Grièvement blessé, il n’a depuis cessé de se battre. Pour la vie. Pour la liberté. Pour dire avec courage et humanité, l’horreur du terrorisme islamiste."

 

"Je ne suis plus totalement valide, jai perdu mon innocence, mais jai gagné une joie profondeje suis heureux de vivre."

Simon Fieschi

 

 

"D'une intelligence fine et d'un courage sans fin, Simon nous manquera tellement", a souligné la maire de Paris Anne Hidalgo dans un message transmis à l'AFP. "Nous ne t'oublierons pas et te rendrons hommage", a-t-elle ajouté à sa mémoire.

 

La dessinatrice Coco lui a rendu hommage, en postant un dessin de lui sur X, le représentant avec la béquille qui ne le quittait plus. C'est avec cette béquille qu'il s'était avancé à la barre pour témoigner au procès de Peter Chérif, le dernier procès de l'attentat du 7 janvier.

 

Le jihadiste était jugé cet automne notamment pour le rôle qu'il avait joué, alors qu'il faisait partie des rangs d'Al-Qaïda dans la Péninsule arabique (Aqpa), auprès de Chérif Kouachi avant l'attentat ; il a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité par la cour d'assises spéciale de Paris.

 

"Je me sens plus un survivant quune victime ou un rescapé."

Simon Fieschi

 

Ceux qui ont alors croisé Simon racontent l'intelligence, l'humour et le courage de celui qui, "debout, (...) administrait des leçons d'humanité". "Son seul souci pendant le procès de Peter Cherif, c’était qu’on fasse bien gaffe à nos deux jeunes journalistes chargés de le couvrir, parce qu’ils allaient voir et entendre des choses horribles", écrit encore Jean-Loup Adénor, rédacteur en chef adjoint de l'hebdomadaire.

 

Lourdes séquelles

Depuis, Simon Fieschi s’était marié et avait eu une petite fille. Malgré cette petite vie bien rangée, il a gardé des difficultés psychiques et a subi un burn-out en 2023. 

 

 

Simon Fieschi avait perdu 7 centimètres, le 7 janvier. Et l’usage de ses jambes et de ses mains. Evacué à la Pitié-Salpêtrière, il est plongé dans un coma artificiel pendant une semaine. "Du coup, j’ai découvert l’attentat du 7 Janvier une semaine plus tard, le 14 janvier."

 

C’est sa mère qui lui raconte à son réveil : la tuerie, la traque des frères Kouachi, l’Hyper Cacher, la marche du 11 janvier. "J’ai mis plusieurs heures à comprendre. Ensuite, je n’arrivais plus à me souvenir de qui était vivant ou mort. Et j’avais un sentiment de gêne absurde, je n’osais plus demander." La douleur physique est si intense qu’elle prend toute la place. "Elle a ça de bon qu’elle maintient les problèmes psychologiques à distance." A tel point, raconte-t-il, que "la tristesse, la colère, ces émotions sont arrivées bien plus tard". Une fois l’état de sidération dépassé.

 

 

"Doigt dhonneur"

Il restera huit mois aux Invalides, à renaître doucement à la vie. Réapprenant progressivement à marcher, se résignant à ne plus pouvoir faire seul ses lacets. "J’ai perdu l’opposition du pouce. Ça paraît idiot, mais je peux plus faire de doigt d’honneur, parfois ça me démange", décrira-t-il lors du procès.

 

Le parquet de Paris a précisé qu'une "enquête en recherche des causes de la mort" avait été ouverte et qu'"aucune hypothèse" ne pouvait être privilégiée à ce stade. "Une autopsie a été ordonnée, dont les conclusions n'ont pas permis de déterminer la cause du décès. Les investigations se poursuivent", a ajouté le parquet. "Contrairement à ce qui a été annoncé par certains médias, il n'y a aucun élément en faveur d'un geste volontaire à ce stade des investigations et les causes de la mort sont encore actuellement ignorées", a souligné de son côté Me Nathalie Senyk, l'avocate de Simon Fieschi, appelant "chacun à être particulièrement vigilant avant le rendu définitif de l'enquête".

 

La liberté na pas de prix, pourtant elle se paie

 

Sincère

Impliqué

Merveilleux

Original

Naturel

 

Formidable

Intègre

Engagé

Souriant

Combatif

Heureux

Inoubliable

 

Charlie Hebdo lui consacrera un numéro spécial ce mercredi.

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